C’était un vendredi, il y a quelques semaines. J’ai passé toute ma journée le ventre noué. Le soir même, nous avions rendez-vous chez la pédiatre pour un énième rappel de vaccins. Je ne les compte plus, ces moments douloureux pour un si petit bébé, mais cette fois c’était différent: le personnel de la crèche n’ayant « pas le droit » d’administrer de médicaments, il n’y avait pas d’exception faite pour un simple patch anesthésique…
Mon ventre se nouait un peu plus d’heure en heure, imaginant ma petite puce jouer innocemment à la crèche avec ses camarades, sans doute avec le sourire, comme toujours. Il était certain qu’elle ne se doutait pas de ce qui l’attendait, il était certain qu’en voyant mon visage tout à l’heure elle sauterait de joie, sans savoir que ce moment de bonheur laisserait ensuite place à une injustice qui me vrillait l’estomac.
J’allais tout simplement conduire ma fille, déjà bien effrayée par la simple vue de la porte du cabinet pédiatrique, à se faire vacciner sans aucune anesthésie, et sans petit temps d’explication comme on le fait pourtant toujours. Tout simplement parce que ma course contre le temps ne me le permettait pas cette fois-ci.
Cette pensée m’a rendue malade. Quelle injustice. Ma pauvre princesse, toujours souriante, toujours conciliante, qui me faisait une confiance aveugle. Elle m’en voudrait sûrement… ou sans doute pas en fait. Et c’est ce qui acheva de mettre mon coeur en miettes. Un bébé, ce n’est pas rancunier.
Mais la réalité, c’est que je n’ai pas eu le choix. Alors bien entendu, une fois Aïnoha dans mes bras ce soir-là à la crèche, je me suis empressée de lui coller ce fichu patch. Histoire d’apaiser ma conscience meurtrie. Mais en 30 minutes au lieu d’une heure… je le savais… ce n’était pas suffisant.
Malgré mes prières pour un retard de la part de la pédiatre, histoire que le patch agisse de son mieux, il n’en fût rien: j’ai dû me résigner à tenir ma filles en larmes, écarlate. Le pire sort que l’on puisse réserver à la Maman poule que je suis. Et je m’en suis voulue… encore…
Des anecdotes comme celle-ci, j’en ai malheureusement de plus en plus à raconter. Comme ce 3 janvier au matin,jour de reprise du travail et de la crèche, où je me suis entendue dire à Aïnoha que je devais partir, que j’étais en retard, alors que nous avions eu la mauvaise surprise de voir que le personnel de la crèche, en effectif réduit, n’était composé que de deux personnes qu’elle ne connaissait pas. Et qu’aucun de ses camarades habituels n’était présent.
Ses yeux. Ses yeux remplis de larmes. Et ses hurlements. Et ses bras désespérément tendus vers moi…. Le pire des scénarios était en train de me percuter de plein fouet. Et je n’ai rien pu faire. Je n’ai pas eu le choix. Encore. Comment peut-on alors passer sereinement sa journée? Imaginer ma fille, apeurée, entourée d’inconnus, m’a (encore une fois ) vrillé l’estomac. Elle n’a sûrement pas compris. Pas compris pourquoi je l’abandonnais après ces vacances idylliques, alors qu’on était si bien ensemble. Pas compris pourquoi ces personnes qu’elle affectionne tant étaient absentes, et l’avaient également abandonnée. Je n’ai cessé ce jour-là de me mettre à sa place, et d’imaginer ce qu’elle ressentait. Et je m’en suis voulue. Une fois de plus.
Alors… pardonne moi mon bébé…
Tu sais ma chérie, j’apprends à devenir Maman en même temps que toi tu apprends à devenir une petite fille. On essaie, on tâtonne, parfois on se trompe, mais souvent on réussit. Je donne chaque jour le meilleur de moi-même à ce rôle qui me tient tant à coeur: celui d’être ta Maman. Mon dévouement tu en bénéficieras toute ta vie, je t’en fais la promesse. Mais malheureusement, ma bonne volonté ne suffit pas toujours à te protéger.
Tu vas vivre des peurs, des chagrins que malgré moi, je ne saurais t’éviter. Tu vas parfois pleurer, douter, et ces sentiments font partie de la vie. Je te mentirais si je t’affirmais que la vie est toujours belle, tu sais. Et je ne te mentirais jamais. Je me dois de mériter la confiance que tu m’accordes depuis le premier jour…
Mais je te fais la promesse d’être là pour toi, dès que tu auras besoin de moi. Cette promesse-là oui, je peux te la faire. Car où que je sois, tout près de toi, ou bien un peu loin, je ferais mon maximum pour t’aider lorsque tu en auras besoin. Et même le jour où je veillerais sur toi, là haut parmi les étoiles, tu ne seras jamais seule ma chérie.
. . .
Je l’ai bien compris, depuis le jour où j’ai donné la vie, que je n’aurais pas le pouvoir de déjouer tous les plans du destin pour ma fille. J’ai bien compris que devenir Maman ne me donnerait pas de pouvoirs magiques. Juste de l’amour. Un amour si fort et si puissant qu’il me donnerait la force de déplacer des montagnes pour Elle, mais qui ne me rendrait pas plus forte que le destin.
Notre instinct viscéral de parents nous pousse à toujours chercher le meilleur pour nos enfants, c’est humain. Et nos émotions s’en retrouvent étroitement liées aux leurs. Nous rions quand ils rient, nous nous inquiétons quand ils ont peur, notre coeur saigne quand ils pleurent. C’est comme ça, et on a signé pour la vie.
Qui a dit qu’être parent était tous les jours facile? Après tout j’ai bien le droit de révéler ce secret aujourd’hui: non, cela ne l’est pas.
Je ne parle bien entendu que des émotions dans cet article, et je dois avouer que parfois pour moi, le flot d’émotions que me procure mon rôle de Maman est difficile à gérer. Mon hypersensibilité y est sans doute pour beaucoup, c’est vrai.
Alors pardonne moi mon bébé, si tu vois des larmes dans mes yeux quand tu souffres, si tu me sens inquiète parfois, si je cherche en permanence à te faire sourire. Je sais qu’un jour tu comprendras, et en attendant je m’efforce de te protéger de ce trop plein d’émotions qui m’assaille en permanence. Après tout, ce n’est pas ton rôle d’y remédier.
La seule chose qui peut m’aider, c’est de continuer à te regarder grandir si bien, si vite. Te voir t’épanouir, être heureuse, découvrir, apprendre: voilà ce qui comble mon coeur de Maman.
Maintenant j’ai compris: être Maman c’est devoir sans cesse maîtriser un flot d’émotions que nous ne choisissons pas, et faire notre maximum pour en garder le contrôle.
Devenir Maman, c’est faire passer le bien-être et l’épanouissement d’un petit être avant le nôtre, tout simplement. Alors j’apprends, et je fais de mon mieux. Mais parfois… quand les émotions prennent un peu trop le dessus… ça fait un bien fou d’écrire…
Et chez vous? Comment se passe la gestion des émotions?
Je vis ma maternité comme toi, hypersensible aussi, évidemment. Chaque couac avec ma fille me tord les tripes. En ce moment, elle ne veut pas aller chez la nounou. Tous les matins, ses premiers mots quand je la lève sont « pas chez nounou, rester maison » mais je n’ai pas le choix. Quand je la passe de mes bras à ceux de sa nounou, je sens son petit raidissement, son sourire qui se fige, ses yeux humides. Le pire c’est qu’elle se retient de pleurer, probablement pour ne pas me blesser. Parfois, les larmes sortent quand même, comme hier matin et c’est insupportable de la laisser. Elle est perturbée actuellement, elle a besoin d’être collée +++ à moi et ne supporte pas que je m’éloigne. Et j’y suis contrainte. C’est très dur d’être une maman aimante.
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Je te comprends tellement… c’est fou on est sans cesse tiraillées par les émotions! Ce tourbillon émotionnel c’est nouveau pour moi, il est arrivé avec Aïnoha. Et même au bout de 17 mois, je m’aperçois que j’ai toujours autant de mal à le gérer.
Visiblement gérer une 2e grossesse, pour des sensibles comme nous… ça s’annonce sport!
Bientôt le congé maternité pour toi, tu vas pouvoir profiter à fond de tous ceux que tu aimes 🙂
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ah la la malheureusement je me retrouve évidemment dans ton article…et là où c’est si difficile aussi c’est qu’il faut composer avec l’extérieur…avec son emploi du temps…parce que le patron s’en fiche qu’on ai eu des problèmes, et le fait que ça se répercute sur nos enfants me noue le ventre souvent également 😦 . c’est pour ça que si je peux, pour bébé2 je prendrai un congé parental pour, au moins au départ, ne pas avoir ce foutu stress et cette culpabilité
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C’est tellement difficile je trouve, de trouver cet équilibre serein entre vie professionnelle et vie de Maman… je tire mon chapeau à celles qui s’y épanouissent!
Pour ma part, tout comme toi, je trouve que le congé parental est la meilleure des solutions!
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Sacrés vaccins…..
Un très bel article où ton amour maternel est palpable… Devenir maman, quelle aventure !
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Tu l’as dit! Merci pour ton petit mot!
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