Ce bébé je l’ai tant rêvé… tant attendu. Et pourtant il y a des fois où je me suis surprise à ne pas ressentir l’entrain imaginé lorsque Aïnoha me réclamait. Après plusieurs semaines de nuits coupées par tranches de 3 ou 4 heures par exemple, il m’est arrivé de ressentir la honte de penser « oh non » quand le devoir m’appelait. Il m’est arrivé aussi deux ou trois fois depuis ma reprise du boulot d’attendre impatiemment l’heure du coucher de ma princesse, car épuisée il ne me tardait qu’une chose: aller au lit. Et qui n’a jamais ressenti ça? Après tout nous sommes humains, nous les parents.
Mais je ne suis pas à l’aise avec ce genre de pensées je l’avoue. Car ayant toujours voulu être Maman, je ressent maintenant comme une sorte d’obligation de perfection envers ma fille. Je l’ai toujours voulue, elle est là, alors maintenant plus le droit de me plaindre. Mais personne n’est infaillible, et surtout pas moi.
Alors je me suis longtemps culpabilisée: comment oser avoir une baisse de « motivation », alors que j’ai un bébé si cool? Comment je pouvais avoir hâte de la coucher alors qu’elle prenait plaisir à passer du temps avec moi ces soirs-là? Après tout elle n’y était pour rien ma pauvre puce… Mais qu’est ce que j’avais hâte d’aller dormir tout de même… Oui pas facile tous les jours d’être Maman.
Oui dès les premières semaines on aimerait qu’ils fassent rapidement leurs nuits, puis qu’ils espacent les tétées, qu’il sachent manger seuls, puis qu’ils deviennent propres… bref durant certaines périodes de la vie d’un enfant on rêve de les voir d’avantage autonomes, histoire de « souffler » un peu… Mais… et une fois qu’ils seront autonomes… de quoi allons nous nous surprendre à rêver?
[…]
/ Il est 8h, mon réveil sonne. Je commence le travail à 9h30, je suis largement dans les temps. Après tout je n’ai plus qu’a me soucier de moi. Ça faisait longtemps que cela ne m’était pas arrivé tiens! Je l’embrasse en coup de vent: Elle va rater son bus sinon… A peine un regard… « A ce soir ma ché… » trop tard la porte est claquée. Et c’est seule que je finis de manger en silence. La journée passe bien lentement. Je regarde mon portable: aucun message reçu. Tant pis. Un peu plus tard il vibre enfin: un smiley m’envoie des coeurs. Ses petites preuves d’amour sont mon rayon de soleil au quotidien. Même courtes et distantes, elle témoignent de notre lien si fort. Je l’aime tellement. Depuis le premier jour. Depuis le jour où je l’ai tenue dans mes bras, ce moment où j’ai ressenti sa chaleur, sa douceur… mais finie la nostalgie, elle a bien grandi maintenant. Et il faudra se contenter d’un texto.
De retour à la maison je profite un peu. Du temps pour moi. Comme j’en ai rêvé à une époque! Je prends un bain, je me chouchoute. J’adore. Un peu plus tard je compose son numéro: elle vit un moment difficile, son petit ami a rompu. Je me dis que se confier lui ferait du bien! Comme ce jour si lointain, durant lequel elle a appris que sa meilleure amie d’école primaire déménageait … elle a pleuré dans mes bras jusqu’à ce que j’arrive à lui arracher un sourire. Ça avait été bien difficile! Et j’avais réussi. Mais mon appel est désormais inutile je le sais… il est vrai qu’à cet âge on se confie désormais à ses copines. Il va falloir que je m’y fasse. Mais pourtant… qu’est ce que je suis nostalgique. J’aperçois la voisine rentrer avec ses petits garçons. Je sourie. Ils lui tiennent encore la main. Attendrie je me demande quand était la dernière fois qu’Elle a pris la mienne. Mon souvenir reste flou.
« Je reste manger chez L. » Un autre texto. « Ok ma chérie amuse toi bien ». Nous allons pouvoir dîner en amoureux. Une autre chose dont je rêvais il y a quelques années! Mais maintenant les dîners à trois sont si rares… Je réalise qu’Elle me manque. Et pourtant Elle m’aime plus que tout je le sais. J’en ai de la chance d’avoir une si belle relation avec ma fille! C’est juste qu’Elle a grandi, voilà tout. Les larmes coulent sur ma joue. Elle n’a plus besoin de moi. Oh si bien sûr, Elle aura toujours besoin de sa Maman dans sa vie. Mais pas comme…avant. Pas comme quand j’étais indispensable. Pas comme quand Elle n’avait que moi. Et finalement… je donnerais cher pour revivre ces instants trop courts, je donnerais cher pour entendre à nouveau sa petite voix me réclamer, je donnerais cher pour la voir me suivre partout. Je donnerais cher pour ne pas avoir le temps de finir mon repas, ou pour devoir me doucher à la va vite. Parce que le temps est passé trop vite. Et que tout cela appartient désormais au passé.
[…]
Me projeter m’a aidée à relativiser. Parce que oui mes larmes couleront le jour où Elle n’aura plus besoin de moi. Alors je vis à fond l’instant présent. Et depuis je me suis toujours levée avec le sourire lorsqu’Aïnoha a eu besoin de moi, je rie de la voir me suivre partout ( y compris aux toilettes ), je la serre dans mes bras dès qu’elle le réclame, je nettoie patiemment toutes ses projections de purée, je change autant de couches qu’il le faut toujours avec le sourire… Je suis patiente.
Et je vois les choses sous un autre angle. Même si j’accueille tous ses progrès avec joie, ils me provoquent toujours un pincement au cœur. Car je vois alors mon petit bébé s’éloigner. C’est la suite logique. Et c’est là que je m’aperçois au quotidien qu’en fait… c’est bien moi qui ai le plus besoin d’Elle…
Ne grandis pas trop vite ma chérie, Maman a besoin de toi.
Je ne te comprends que trop bien… Le matin je suis souvent levée avant elle pour travailler et quand je savoure mon café, seule, au calme, avec ma tablette, j’en viens toujours à penser à elle 😍. La cuisine parait si vide, si silencieuse, c’est reposant mais à la fois ennuyeux 🙈.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui c’est dingue, parfois on rêve d’un petit temps calme, et puis quand on l’a… on ne l’apprécie que moyennement en fait! C’est notre destin je me dis: on est des Mamans, ils nous manqueront toute notre vie 😂
J’aimeJ’aime
Très touchant et émouvant ce texte, c’est vrai qu’il faut songer qu’un jour les bises remplaceront les bisous à maman, la poignée de main remplacera peut-être le câlin à papa, on devra se contenter d’appels et de SMS alors qu’on voudra les serrer dans nos bras… Profitons-en tant que nous pouvons.
J’aimeAimé par 1 personne
Oh… tiens les bises tu vois c’est un détail auquel je n’avais pas pensé… oui profitons ❤
J’aimeJ’aime