« Papa, Maman,
Il y a 24 heures dans une journée, et j’en passe 10 à la garderie.
Il me reste donc 14 heures à passer avec vous.
Ah non! J’oubliais, j’en ai besoin d’au moins 10 pour dormir la nuit et récupérer des forces!
Il en reste donc 4…
Mais puisque pendant ces 4 heures (2h le matin, 2h le soir), nous sommes toujours pressés afin que vous ne soyez pas en retard, on peut dire alors qu’il me reste un peu moins de 4 heures par jour à passer avec vous. Mais si j’en déduis en plus le temps où je dois me dépêcher à déjeuner, m’habiller, embarquer dans la voiture, faire la route entre la maison et la garderie, manger, aller à mes activités parascolaires, attendre votre retour de vos activités à vous (sport, hobbies), prendre mon bain pour finalement aller dormir et recommencer encore le lendemain…
Papa, maman? Combien de temps de qualité passons-nous ensemble par semaine?
J’aimerais ça aujourd’hui, que tu viennes me chercher plus tôt à la garderie. Que demain, tu prennes congé du travail pour passer une journée spéciale avec moi. Qu’à l’heure du coucher tu me racontes une histoire et qu’en fin de semaine on passe nos journées ensemble! Parce que tu sais, je l’aime beaucoup mon éducatrice, mais, contrairement à vous, elle, je la vois souvent…
Des fois, je suis tannant à la garderie, ou je pleure parce que je sens un vide dans mon coeur….vous me manquez.
Signé votre enfant »
…
Ce texte n’est pas de moi, je suis tombée dessus sur les réseaux sociaux où il circule en ce moment. Loin de moi l’idée de faire du plagiat bien au contraire, j’ai voulu le partager ici comme je l’ai fait sur Facebook car depuis hier soir en fait il me trotte dans la tête, j’en ai même mal dormi. Ce texte m’a bouleversée tout simplement, car il a réveillé une blessure enfouie au plus profond de moi.
Heureusement ou malheureusement pour moi j’ai une excellente mémoire, parfois considérée comme « impressionnante » par mes proches. Je me souviens donc parfaitement de toute mon enfance, dès l’âge de trois ans, voir avant pour certains flashs lointains. Et je me souviens, entre une majorité de merveilleux souvenirs d’une enfance idéale et choyée, de la peine que je ressentais, quand je voyais partir mes camarades souriants un à un de la garderie, où moi j’attendais ma Maman qui venait me chercher juste avant la fermeture. Souvent j’en avais les larmes aux yeux. Mais je le cachais. Maman devait travailler, elle n’avait pas le choix je le savais. Mais quand même, chaque soir j’avais l’espoir de la voir débarquer plus tôt par surprise… En vain. Je me souviens également de ces réveillons de Noël, durant lesquels je déballais ma montagne de cadeaux. Enfant gâtée, chouchoutée. Et pourtant je les aurais volontiers échangés contre un seul paquet, duquel j’aurais vu sortir mon Papa, qui aurait quitté son boulot pour pouvoir passer les vacances avec moi. Mais » Papa doit travailler tu le sais bien « . Oui je l’ai entendue si souvent cette phrase.
On pense à tort que les enfants comprennent. Il faut de l’argent pour vivre. Pas le choix de les laisser. Et bien je peux vous assurer que non. Ils ne comprennent pas. Un enfant ne conçoit pas que quelque chose puisse passer avant lui dans le cœur de ses parents. Un enfant n’a pas à se soucier de problèmes d’adultes, et ne devrait pas ressentir le manque. Comment expliquer à un enfant que non, aujourd’hui on ne peut pas prendre un jour de congé pour s’amuser ensemble? Tout ça est tellement abstrait… Lui ne voit que les faits: Papa et Maman sont occupés, ils n’ont pas de temps pour jouer avec moi, m’écouter chanter la dernière comptine apprise à l’école, me complimenter sur mon dernier dessin, me regarder grandir… Alors très tôt ils apprennent par dépit à vivre sans ceux qui pourtant sont le centre de leur monde. Pour ma part je trouve ça si injuste…
Je n’écris pas aujourd’hui pour nous culpabiliser, nous n’avons pas le choix la société est faite ainsi. Je ne suis sans doute pas la seule à qui ça déchire le coeur. Mais ce blog est mon moyen d’expression, et comme j’en avais besoin aujourd’hui! Cette blessure en moi qui s’était estompée avec l’âge adulte me fait la désagréable surprise de réapparaître maintenant que je suis devenue à mon tour Maman. Maintenant que moi aussi, je vais me retrouver face à l’épreuve de devoir justifier mon absence, face à ma fille qui n’a d’yeux que pour moi. J’en profite pour saluer le travail de ces anges gardiens, en crèche où à l’école, qui font leur maximum pour faire en sorte que nos enfants soient heureux et épanouis loin de nous. Merci.
Je me surprend à rêver de faire comme ces familles qui ont eu le courage de tout plaquer pour vivre la vie qu’ils ont décidé, ceux qui font maintenant le tour du monde en voilier, ceux qui vivent sur une île, ou en pleine nature. J’éprouve un respect profond pour ces gens-là.
Loin de moi l’idée de vous déprimer avec cet article bien au contraire, je l’ai simplement écrit pour ne pas oublier. Ne pas oublier ce que ressent un enfant, ne pas oublier que ses sentiments face à son quotidien sont si différents des nôtres. Nous avons aussi été des enfants, ne l’oublions pas. Le quotidien nous fait parfois occulter l’essentiel, et trouver un équilibre reste parfois difficile. Prenons le temps de nous mettre à leur place quelques instants. Et surtout prenons le temps de les regarder grandir, ils sont ce que nous avons de plus précieux…
C’est sans doute l’approche de ma reprise du boulot qui me rend si sensible, je vous promet d’écrire des choses plus gaies pour les prochains posts!
C’est si vrai! En tant que prof, je culpabilise souvent de passer du temps avec les enfants des autres pendant que ma propre fille est chez sa nounou. C’est pour cela que le temps que je passe avec elle, je lui suis totalement disponible, meme si j’ai en attente une liste longue comme Le Bras de choses à faire, elle est ma priorité. Le mercredi, je suis libre alors c’est notre journée où, là encore, elle passe avant tout. Je recharge son réservoir émotionnel et le reste de la semaine se passe bien. C’est si précieux le temps qu’on peut passer avec nos enfants! Cependant, travailler m’est indispensable, non seulement financièrement, mais aussi moralement. Je supporte très mal l’enfermement, je ne pourrais pas être mère au foyer, j’exploserais. Ainsi, travailler, c’est aussi me donner la possibilité d’être zen quand je retrouve ma fille, c’est important. Ainsi, le temps que je lui consacre est peut-être maigre niveau quantité mais de qualité!
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Quelle chance tu as d’avoir tes mercredis! C’est top ça, et tu as raison le temps passé ensemble est de qualité! En tout cas tu fais un beau métier, qui m’aurait beaucoup plu aussi… je comprend que tu aimes ton boulot 😊
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je ne suis pas encore Maman (ça sera pour Aout) et j’ai déjà fait ma demande pour une place à la crèche. Tellement compliqué de devoir déjà trouver une solution pour un enfant qui n’est pas encore là.
Si petit et déjà séparé de ses parents … Je ne sais pas comment je vais vivre cette dure transition. On fera de notre mieux il est clair pour répondre à ces besoins et optimiser les week-end pour qu’on profite tous les 3 et repartir pour une semaine qui paraitra bien longue.
Profiter de chaque instant à 3, même si c’est juste le regarder dormir …
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A quel âge ton petit coeur entrera à la crèche du coup? Oui pas facile c’est certain, mais pour eux on est capable de tout 😊.
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A deux mois et demi … à moins qu’il arrive avant terme vu que les 10semaines de congés sont comptés à partir de La DPA ..
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D’accord oui je compends… tu n’as pas pris de congé parental par choix ou par obligation?
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Pour l’instant par choix, j’aime mon métier et je sais qu’il va aussi me manquer… Mais j ai encore un peu de temps pour y réfléchir
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Ton cœur te guidera, l’important c’est d’être heureuse!
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On verra cela en temps et en heure. Tu as raison l’essentiel c’est d’être heureux et de faire un choix en toute conscience pour tout le monde s’épanouisse au mieux.
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